NICOLAS PROST : les bolides électriques vont de plus en plus vite

Pour la première fois dans l'histoire du Trophée Andros, les voitures électriques partiront avant les thermiques. Depuis plusieurs années, le champion automobile français Nicolas Prost mène l’offensive du 100 % électrique. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus.

Nicolas, vous avez couru sur de nombreuses voitures, thermiques ou électriques. Vous êtes l’expert qu’il nous faut pour expliquer cette évolution.

On va dans la bonne direction. Les voitures électriques sont de plus en plus rapides. Elles vont très prochainement dépasser les voitures à essence sur les mêmes circuits, alors qu’elles n’ont pas encore le droit d'utiliser la pleine puissance de leur moteur. Je pilote ces voitures avec beaucoup de plaisir car elles sont amusantes à conduire et extrêmement rapides. Elles n’ont pas de boîte de vitesses et se conduisent comme un kart, avec deux pédales. Et c'est tout.

Pour tout vous dire, ça em’arrange car je n’ai pas l’habitude des leviers de changement de vitesse, ayant toujours couru avec des palettes au volant. 

Y a-t-il une période d’adaptation pour passer de la compétition thermique à l’électrique ? 

Pour le Trophée Andros, j’ai surtout piloté des voitures électriques et je les connais bien. J'ai aussi couru trois ans en Formule E, j'ai donc l'habitude des VE. Au début, je n'étais pas habitué aux quatre roues motrices. Sur les voitures à roues motrices arrière, il faut redresser avant de mettre les gaz, alors qu’avec les quatre roues motrices bloquées, on peut accélérer en plein virage en restant sur la trajectoire.

Que pensez-vous de ce commentaire d'Henri Pescarolo : "Pour moi, la voiture représente la liberté ; je n’ai pas la même liberté avec la voiture électrique" ? 

Sans vouloir manquer de respect à Henri, je crois qu’il y a là un fossé intergénérationnel. Aujourd’hui, presque tous les véhicules électriques ont une autonomie suffisante pour assurer les trajets quotidiens. J'ai beaucoup travaillé avec Renault sur le développement de leurs voitures EV. Vu les résultats obtenus en si peu de temps, il n'y a franchement pas de raisons de s'inquiéter pour le moment.

Votre père pense que le vrombissement des moteurs contribue à l’ambiance des sports mécaniques. Depuis plusieurs années, vous courez sur des véhicules électriques silencieux. Le rugissement des moteurs ne vous manque pas ? 

Bien sûr que oui, évidemment. Mais la vraie musique des moteurs a disparu bien avant l’arrivée des véhicules électriques sur les circuits. Depuis le développement des moteurs turbo, la musique est moins belle et celle de la génération hybride LMP1 n’est pas terrible non plus. Surtout ne me demandez pas ce que je pense des nouvelles F1. L’absence de vrombissements spectaculaires n’est pas le problème des courses de voitures électriques.